Et brusquement
C’est le pays des grands buissons brûlés
Le pays que ne traverse pas de fleuve
Seules des routes le traversent
Divisé en feux et marécages
Ses rougeurs ne sont contraintes
A aucun signe
Y chante une grive plus nue à chaque étape
Un sifflement de souvenirs de cœurs serrés
Au milieu du chemin de notre vie
Ce pays ne ressemble pas
A la paume qui saigne
Des fruits y sont cueillis
Mais d’une danse enfantine
Des arbres ne jaillissent pas
Des graines ne germent pas
A chaque détour de chemin
Car les saisons sont divisibles
D’après les parties du corps
Voici les membres de l’affliction
Les bras ne s’ouvrent pas
Les bras ne s’ouvrent que pour battre l’air
Et l’éventer
Voici les organes du souffle
En ce pays on ne divise pas la vie
En inspiration et respiration
Voici les organes de la voix
Faits pour le silence
Ronflements épuisées sur une trace
De musique
Voici les organes de la composition
Pays composé d’humeurs
Ombres qui rappellent
La calcination légère
Au gré du vent
Des bonds de léopards
Traversent l’asphalte
Voici les organes du saut
Ils laissent aux végétaux
Aux minéraux leur spectre
Dans le soir finissant
La saison à passer
Que sont ces bruits ?
Ici finissent ceux que la voix
A achevé de faire croître
Ici finissent ceux que l’on mène
Par les couloirs de la surdité
Entre des rêves
Et puis
Des dessins
Dans le granit rouge des éclats blancs
Signalent qu’ici sont passées
Des ombres
Une plume est restée
Sur la première marche
Pour témoigner
Voici les organes de la crucifixion
A la première station du premier degré
On a vu un enfant traverser son image
A la deuxième station du deuxième degré
On a vu un chasseur tirer plus haut sa flèche
A la troisième station du troisième degré
On a vu une corne de brume
Faire écho au rivage
Il n’y a pas de mer ici
Que des hommes
Possèdent à peine le ciel
Où ils titubent
Il n’y a pas de lumière ici
Mais des lueurs
Des crissements
Pas de parole
Que du sable
Qui s’écoule entre les dents
Pas de naissance
Des ombres qui pâlissent
Jusqu’à éclore
Pays où les chemins
Sont éclairés par les buissons
Pieds rappelés à la route
Par les pierres sans nombre
Pays où l’on trébuche
Pas de branches ici
Mais des filets
Où les mains se suspendent
….des fruits, des fleurs,….
Pays où la voix porte de plus en plus loin
Me voici en un nouveau matin
Emporté
Vers ma soif vers mes saints
Qui luisent au fond du
Sommeil
Me voici en un nouveau
Matin porté vers des clartés
Trompeuses vers des reflets de
Tessons des fonds de verres
Poisseux et vers la grande roue
Qui tourne avec ses tourbillons
De poussière de gloires
De poussière de gloires
Et de paroles en l’air
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