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  • Photo du rédacteurCretté Alexandra

Lettre à mon ami Jonas - de Sandie Colas, illustration de Julie Boileau

Assise dans la pirogue sur les eaux calmes, contemplant les nuages irisés sans nombre. Je vise avec joie le reflet des rayons suprêmes dont la clarté baigne le fleuve et la magnifique flore verte aux alentours. Cette contemplation me renvoie à notre amitié, un jardin que je cultive avec tendresse.


Mon ami,


Je t’écris depuis les marais de Kaw, un somptueux paysage qui m’a coupé le souffle. C’est la troisième réserve naturelle de France, un chef-d'œuvre, une toile sur laquelle se dessinent mille et une couleurs.

Suspendue entre l’eau et le ciel, dans un tourbillon de vent qui emporte mes pensées obscures, il fait jour dans ma tête. Je vis le moment présent, loin de la sérénité de mes heures meurtries.

Dans les marais aux flots marrons, un peu comme le wassai dont tu raffoles mais bien moins foncé, semirent les rayons du soleil qui me brûle. Dorénavant, tout ce que je désire c’est un thé bien glacé dans ma main chaude. Mais cette belle nature est pour moi un drap, m’enveloppant avec tant de douceur que je ressens à peine le picotement du soleil.

Le ciel est si bleu et si calme. Un Ani à bec lisse vole aux alentours, mollement. Des Buses à tête

blanche se posent tantôt sur les fruits, tantôt sur les feuilles et les branches des arbres. Les Sturnelles militaires n’étant pas pleinement rassurées, s’enfuient comme des chiens battus.

Les Anhinga d’Amérique volent avec le vent imprégné des parfums de feuilles mortes stagnées au-

dessus du fleuve. Ils chantent en harmonie une chanson délicieuse, les chants lointains de leur voix

fugitive me bercent comme qu’on caresse un nouveau-né.


Mon ami,


Je guette la beauté en sa splendeur. Des grandes palmes suppliciées, un calme troupeau de bœufs qui me fait penser à celui de mon père. Des différents types d’oiseaux que je nepuis nommer, une vaste faune discrète.

Mes doigts se frôlent contre l’eau tout au long du fleuve, une sensation douce et agréable qui prendrait fin à la vue des caïmans et les piranhas. Qui me font trembler plus que le froid d’hiver.


Mon ami,


Je cherche un mot exquis pour te décrire ce site, un mot qui réunisse sa somptuosité et son calme mais aucun ne m’en semble digne. Tout comme j’exprimerais mal en un mot comme en mille combien notre amitié m’est paradisiaque. Plus fastueuse qu’un palais, aussi colorée qu’un arc-en-ciel, coriace telle une pointe d’acier.

Puissions-nous y retourner pour aller explorer ensemble ce magnifique paysage.

Nous irons nous allonger sur les hamacs pour parler d’art et de littérature, pour partager des éclats de rire en souvenir du bon vieux temps et quand la soif nous donnera envie de boire, nous boirons l’Anthologie de la revue d’Oyapock, les poèmes de Victor Hugo, les fables de Jean de La Fontaine, les romans de Dany Laferrière et sans oublier la promesse de Romain Gary. Nous les boirons

tous

à la santé de notre humble et fidèle amitié.





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