J'ai tout pris de toi.
Depuis, je t'ai collé à la peau.
Dans l'œil. Dans les cheveux.
Dans les pieds. Dans le rire.
Partout je t'ai, toi. En Lettre d’or.
Soleil. Ténèbres. Encore lumière !
Et c’est toi.
À chaque pas tu me suis.
Tu es mon ectoplasme.
Chaque battement de mon cœur
M'informe de ta présence tout près.
J'ouvre la bouche et c'est toi qui parle.
Et ta voix mon Dieu !
Elle me raconte mes bains à la rivière
Le soleil qui tète sur la pointe de mes seins.
Mon voisin qui me zieute porte un visage
de Dieu trois fois saints !
Et ta voix Mon Dieu !
Ta voix me raconte en chuchotant
Ta douleur !
Cette grosse douleur, noire, sale
Plus vieille que la vieillesse elle-même
Ta douleur de déblozage
Ta douleur de kraze kay
Ta douleur de tête-brûlée
Ta douleur de tête-coupée
Ta douleur ô mon pays !
Mais. N’oublie pas.
J'ai tout pris de toi :
Tes manières.
Ton caractère
Ton courage
Ta bravoure.
J'ai tout pris de toi !
Comme je m'amuse à tout prendre de toi
Alors je sers contre moi aussi ta douleur
Tes pleurs
Tes "on dit"
Tes actes
Tes crimes
Tes saletés.
J'ai tout pris de toi.
Mon pays j'espère que tu ne me feras pas le
coup du père qui part sans projet de retour
L'enfant qui dort en moi espère ta venue à la
lumière qui est tienne.
Je rêve de te sentir dans l'odeur enivrante de
ta tisane d’asowosi.
Je rêve de te revoir et te serrer dans mes
bras et te dire :
Vieille graine, comme tu m’avais manqué !
Oh oui ! J'ai tout pris de toi.
Le pire et le pur dans la même fierté !
Comments