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J'ai tout pris de toi , un poème de Neyly Annylusse, Troisième du Prix damas 2024- Illustration de Flore Vaillant - Evasion.

Photo du rédacteur: Cretté AlexandraCretté Alexandra


J'ai tout pris de toi.

Depuis, je t'ai collé à la peau.

Dans l'œil. Dans les cheveux.

Dans les pieds. Dans le rire.

Partout je t'ai, toi. En Lettre d’or.

Soleil. Ténèbres. Encore lumière !


Et c’est toi.

À chaque pas tu me suis.

Tu es mon ectoplasme.

Chaque battement de mon cœur

M'informe de ta présence tout près.

J'ouvre la bouche et c'est toi qui parle.

Et ta voix mon Dieu !

Elle me raconte mes bains à la rivière

Le soleil qui tète sur la pointe de mes seins.

Mon voisin qui me zieute porte un visage

de Dieu trois fois saints !


Et ta voix Mon Dieu !

Ta voix me raconte en chuchotant

Ta douleur !

Cette grosse douleur, noire, sale

Plus vieille que la vieillesse elle-même

Ta douleur de déblozage

Ta douleur de kraze kay

Ta douleur de tête-brûlée

Ta douleur de tête-coupée

Ta douleur ô mon pays !

Mais. N’oublie pas.


J'ai tout pris de toi :

Tes manières.

Ton caractère

Ton courage

Ta bravoure.

J'ai tout pris de toi !


Comme je m'amuse à tout prendre de toi

Alors je sers contre moi aussi ta douleur


Tes pleurs

Tes "on dit"

Tes actes

Tes crimes

Tes saletés.

J'ai tout pris de toi.


Mon pays j'espère que tu ne me feras pas le

coup du père qui part sans projet de retour

L'enfant qui dort en moi espère ta venue à la


lumière qui est tienne.


Je rêve de te sentir dans l'odeur enivrante de

ta tisane d’asowosi.


Je rêve de te revoir et te serrer dans mes

bras et te dire :


Vieille graine, comme tu m’avais manqué !

Oh oui ! J'ai tout pris de toi.

Le pire et le pur dans la même fierté !




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