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  • Photo du rédacteurCretté Alexandra

Aliette Baudoin, Zeneida Fernandes, Manuella Bondron, Yasmina Touzani, atelier d'écriture

En janvier 2021, la Compagnie Zoukouyanyan organise une série d'ateliers d'écriture à Cayenne. Durant ces ateliers, menés par Jean louis Gonfalone, metteur en scène, acteur et musicien, les auteures vont produire les textes que vous allez découvrir: entre prose poétique, tableaux, instants de vie, haikus...





Aliette Baudouin



La plume du Sergent Major qui gratte sur le papier du cahier d’écriture. La tâche de l’encre violette qui s’agrandit sur la page blanche. La gomme qui transperce le papier. La maîtresse qui me gronde, se lever et aller au coin comme punition.


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Avec la famille, les frères et sœurs , sur le terrain de camping. L’odeur des pins pendant la sieste sous la chaleur écrasante du soleil d’Espagne. Mon premier poupon avec ma sœur,, l’odeur du neuf, du plastique, sur une serviette de plage avec le son des cigales.


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Je n’ai pas souvenir de son nom, de son physique ou de ce qu’elle était. Mais ma prof de philo m’a fait aimer Platon et sa République, qui m’a bien aidé pour l’épreuve de philo du baccalauréat sur l’éducation des enfants.


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Dans la chambre d’hôpital, Papy Pierre repose depuis plusieurs jours. Il somnole et ma mère n’ose plus le quitter. Ce jour là, je suis là avec lui et accroupie devant son visage tourné vers la fenêtre, je le force de tout mon être à ouvrir les yeux, à me regarder pour un dernier au revoir. Un dernier regard bleu délavé et de compréhension de sa part , un mot « je sais » et il n’est plus. C‘est le moment que choisit ma mère pour revenir.


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Je suis ce que mon passé a construit : mes doutes, mes plaisirs, mes rencontres…. J’aime ce que je suis aujourd’hui avec mes défauts. J’ai oublié les colères ,et le passé. Le chemin qui se dessine est une dernière ligne droite, mais combien elle peut être belle, bien accompagnée dans l’Amour et dans l’Amitié.



Zeneida Fernandes


Allongée sur son hamac, ma mère faisait une sieste. Sans faire de bruit je m’approche et je lui pose cette question:

“Maman, je peux avoir un petit frère ou une petite sœur”?

Après avoir eu 14 enfants, j’ai eu seulement un beau sourire comme réponse.


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Quand cinq filles partagent une chambre, seule est un mot qui

n’existe pas dans leurs vocabulaires.


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A 16 ans, je voulais partir, avoir un appartement et être indépendante.

Ma mère m’agaçait à chaque fois qu’elle m’adressait la parole.

Un jour, elle m’appelle dans sa chambre et me dit qu’elle était mourante et que j’étais l’unique de ses enfants à gardais le calme dans ces moments difficiles.

Ce jour-là, je suis sortie de l’adolescence.


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J’ai toujours pensé que je venais d’une autre planète.

Non parce que j’ai une peau verte mais parce que ma pensée est souvent à des milliers de kilomètres de celle des autres.


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La peur, c’est la gangrène de la pensée.

Un jour j’ai décidé de me soigner.




Manuella Bondron


C’était compliqué de ne pas les voir, de ne pas se juger dans leurs yeux, dans leurs mots, dans leurs histoires, qui n’étaient pas les miennes, leurs vies qui étaient mieux que la mienne, comme une évidence. Je ne pouvais plus réfléchir quand ils parlaient, ou par éclair.


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C’était son frère, Gilles. Nous avions 25 ans, il en avait 28. Dans sa chambre, sa mère l’avait retrouvé. C’était trop tard. Je me suis retrouvée ce soir là, moi qui avait tant ri avec lui, à pleurer, tout doucement, mais d’un coup, boum, et puis tout doucement.


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A l’école dans la classe, on parlait le français. Le créole était interdit, c’était comme cela, on avait jamais pensé à demander, ça ne se faisait pas, demander pourquoi. Alors, j’ai appris le créole dans la cour de récréation.


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A la maison, j’étais la petite princesse de ma grand-mère. Un jour, elle m’a appris à faire cuire des haricots rouges. Elle m’a montré comment faire, et elle est partie. Je me suis endormie, les haricots ont brûlé. Elle a ri, et moi honteuse, je pensais :elle doit être déçue !C’était terrible......


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Chaque vacance, il y avait baptême, communion, mariage et confirmation. Chaque grande vacance. Chaque vacance, il y avait le dernier disque de KASSAV’. Et il tournait an boucle dans toutes les maisons, pendant toutes les fêtes de baptême, de communion, de mariage, de confirmation.




Yasmina Touzani


Même si je ne veux pas me souvenir, que je préfère enfouir l'intimité, la maison, la rue et que je veux me blottir dans les souvenirs d'aujourd'hui mais pas ceux d'hier.


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Je sens encore le sable brûlant, le soleil ardent qui chauffe mes épaules, ma peau devenue caramel qui contraste avec les beaux yeux verts de cette rencontre qui aura le goût de l'éther. Cet instant de grâce laissera place à la disgrâce. Une matinée d'été, mes pieds brûlants qui jamais n'ont oublié le tumulte du premier amour.


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Je ne sais pas si j'écris pour connaître celle que j'ai été, ou pour saisir celle que je suis, peut-être que la plume prédira celle que je serai.


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Considérant que je est un autre, et les autres c'est moi, le moi se reconnaît en l'autre, parfois l'autre fuit son moi, et le moi se mire en l'autre, quand l'autre me façonne, je suis perdue, je ne sais plus qui de l'autre ou de moi est en train de parler.


***


Mais ce que je sais c'est qu'une matinée d'été,un grain de sable est né, il a parcouru quelques sentiers, il a vécu, il s'est arrêté, il a observé, emprunté des chemins, puis s'en est allé. Laissant son empreinte sur la dune puis effacée par la lune. Son chant n'est plus qu'un murmure parmi les 7 milliards d'autres.










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