BELEM
je me suis passé de poésie
comme l’on se passe de tabac, de café, d’alcool et de filles
je me suis passé de poésie comme l’on s’abstient de respirer
en traversant un marécage
mais je suis allé à Bèlem pour aller à Bèlem
je ne suis pas sorti de Bèlem
ville que l’on rejoint et que l’on quitte par un même endroit
entre l’aéroport et le bordel locomotiva
je suis allé à Bèlem pour aller à Bèlem
et je ne sais pas si la poésie m’a suivi ou m’y a précédé
mais de nouveau je ne peux plus m’en passer
comme de tabac, de café, d’alcool et de filles
BAR DO PARQUE
le goudron sous la pluie a une odeur singulière
mêlé aux gaz d’échappements
le bois mouillé aussi
que des spéculateurs inconscients entassent dans les entrepôts des docks
pour le plus grand malheur de l’état du Parà
et les noix de coco vertes luisent vides
plantées sur le grillage qui entoure le bar du parc
et de sous le manguier des femmes vous appellent
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