AVENUE DE GAULLE 11H45
Cayenne est une ville qui n’aurait pas intéressé Jorge Luis Borges
aucun labyrinthe aucun miroir
des cases évidées remplies d’herbes folles
des immeubles semblables à un décor de théâtre et beaucoup d’administrations
puis des vitrines où se décolore la marchandise d’outre-mer
de temps en temps on voit aux fenêtres des filles en paréo
on salue au moins une vingtaine de connaissances sur cinquante mètres de trottoir
il est impossible de mourir de faim tellement il y a de commerces voués à la vente de sandwiches
sur la place des palmistes
des chinois aux habits fades veillent sur des caisses enregistreuses
des haïtiennes portent le monde sur leurs têtes
des blancs en short et sandales boivent des bières chez M
athilde
des drogués provinciaux des voleurs de deuxième main
se garer dans le respect de la loi devient un calvaire
la pacotille s’étale mais ne se vend pas
un vieux sur son balcon regarde fixement les passants
de temps en temps une brésilienne fait se retourner les hommes sur son passage
il paraît que celles d’ici ne sont pas les plus belles
de toute façon seul le fric les intéresse
entre midi et quatre heures les rues sont vides
une monotonie ondulante envahit tout
sa to fé
mo la mo ka tchembé
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