TEXACO
Ô beauté des stations service…
trouée d’harmonie dans le chaos des villes...
cités lumineuses qui attestent
l’unité du genre humain
Les pompes et leurs différents contenus,
soigneusement alignées
qu’un habile jeu de couleurs distingue.
Ô néon, qui rend à l’architecture fonctionnelle
sa grandeur de parfaite clarté,
bannissant la pénombre,
l’occulté, la notion très suspecte de recoin,
sombre refuge des rêveries stériles.
Ô garage et ses différents ateliers,
ceux où l’on effectue les réparations urgentes,
le remplacement des roues défectueuses ou les vidanges,
perfection de la technique.
Rutilance du grand local où l’on paie.
Etat-major, avec ses caisses enregistreuses
ses ordinateurs,
informés par chacune des pompes
les informant en retour,
une fois le paiement effectué.
Et le petit magasin pourvu de tout de tout ce dont rêvent les hommes :
huiles, liquides de frein, bonbons, cacahuètes,
sprays à multiples usages
- désodorisants ou utilitaires -,
chocolat, boissons fraîches, biscuits,
alcools, presse internationale, revues pornographiques,
cassettes, jouets pour les enfants, préservatifs, porte-clefs
autoradios, essuie-glaces, tournevis ,
trousses de toilettes, cartes routières, peignes.
Il y avait les immenses complexes des autoroutes allemandes
et nord- américaines, avec leurs self-services et leurs
toilettes immaculées,
il y avait les stations de Carrefour et Pétionville
temples au milieu des ruines,
avec leurs gardes armés, qui ne révélaient
leurs véritables grandeur que la nuit venue,
les belles rodoviales brésiliennes aux plats appétissants.
La Texaco de Cayenne réalisait une synthèse des deux styles.
Il y régnait aussi une agitation permanente,
de voitures remplies de femmes,
de jeunes à l’air revêche
négociant du combustible pour leurs deux-roues
toujours impatients,
d’automobilistes solitaires faisant provision de cigarettes
et de sodas
et de drogués offrant des services inutiles contre de la menue monnaie.

Commentaires