Révolte - Osawatomie, un poème d'Alexandra Cretté
- Cretté Alexandra
- 6 avr. 2021
- 2 min de lecture
à Donald Trump,
quelques semaines avant le premier
tour du scrutin présidentiel de 2020
Tu regardes l’espace
et la terre que tu limites t’appartient
d’outre les ombres vides que tu brandis
Elle ne sent rien que la mort
La mort lente et hirsute
dont tu remplis
l’espace par tes gestes coupants
et les lettres disloquées de tes cris
Tout ce que tu touches
tombe
sur tes mensonges trop voyants.
Ton miroir est sans reflet - le monde naît sans toi
et contre toi -
dans le bruissement des meurtres
que tu appelles et que tu nies
Stérile tourbillon de cendres
tu traverses les larges plaines continentales
sur cet ancien nouveau monde
que tu souilles impunément
après tant de souillures inégalées.
Je te le dis :
si tu parles comme un prophète
crains les tueurs de prophètes
Crains les mangeurs ivres
qui referont le monde après toi
Car tout au fond des forêts de peupliers
et des villes pointues
nous t’attendons
et nous nous souviendrons de ceux
qui surent être à la fois
magnanimes et féroces
- âpres à la vie et à l’égalité
Plus loin - et aussi plus près de toi
nous sommes chaque jour plus nombreux
à retrouver le goût du sel
et l’arc pour défier les anciennes terreurs
et l’arme pour ne plus laisser
exploser les corps dans le souffle
fracturer les os des enfants
défigurer les héros mal connus
Ainsi ton masque coule sur le sang de tes mains
sur toutes les cordes du sud
Ne lâche pas ta corde
Ne lâche pas ta corde
à Osawatomie nous reviendrons
Ne lâche pas ta corde
où pend déjà ton âme
à Osawatomie où nous sommes
toujours si peu nombreux
et toujours si nombreux
à Osawatomie où naît ta peur
dans la glaise rougie
des prairies de tall grass
A Osawatomie, la cime des hêtres en fleur
sur les cimiers de nos rêves
comme une hache de victoire
tranchante
et jamais au fourreau
et toujours à Osawatomie
comme sur toutes les cimes du monde
où se dresse ton gibet de mots
Où la terre est déjà ouverte
et refermée
Où les os découvrent qu’ils n’ont ni couleur
ni richesse ni langue différente
rien qu’une plaie
dans la glaise rougie
A Osawatomie
où l’on peut rencontrer
la démocratie et la mort
- les sturnelles de l’ouest
et les mânes
tapies dans les ombres
Aux langues bruissantes
d’Osawatomie
qui veillent
dans la nuit forestière
sur la lune et les traces de nos paumes
d’hommes et de femmes libres
A la beauté
d’Osawatomie
qui au creux du cœur d’un écureuil
fait sonner le chant de la rivière
aux roches bleues et grises
allégées de grand froid
Lundi 21 septembre 2020

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