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Nostalgie- Un texte d'Alexandra Cretté

Photo du rédacteur: Cretté AlexandraCretté Alexandra

Parfum retrouvé et histoire d'un rendez vous toujours manqué. Mon pays que je n'ai jamais aimé et que je n'ai jamais haï. Je te comprends plus que je ne te sens ou te vis. Face à toi comme face à une gravure sophistiquée, lointaine. Jamais à la fleur de ma peau. Où se trouve l'épicentre de mon regard sur toi? Dans le maelström cyclopéen des reliques de ton empire colonial. Dans les restes du chaos de ton hubris. Un chaos policé par les formulaires administratifs, les lois et les uniformes . Une chanson moite qui vente dans les oubliettes des géographies somptuaires. Et ce regard qu'un enfant ne t'accordait pas, ce regard de l'émerveillement, il me revient à la maturité. Bien étrangement. Avec le goût des amours impossibles. Comment aimer pleinement le lieu que l'on a fuit? ××××× Je regarde la trace de mes souvenirs sur le quartier de mon enfance. A peine puis-je les voir dans le soir infini de juin. Les arbres ont changé. Quelqu'un a planté un palmier survivant au milieu des volutes de béton. Son ombre irise depuis tout un bâtiment. Je regarde en plongeon les vallées rudes de la Lozère. Un roc blanc dessine un lion déchu que j'imagine presque mort. Dans un dernier souffle. J'aime décidément les paysages hostiles. Les sapins raides jetés au bords des gouffres. Les causses blanchies sous le harnais des vents. Je regarde les mille variations de couleur des lauriers méditerranéens. Comme en Amazonie, il y a ici l'odeur de tout un lieu portée par l'air et le vent. La pierre bleue et blanche des roches boit la lumière crue. Je ne dirai rien sous le fruit des cigales. Je regarde les profondeurs temporelles de la Vézère. Ouverte ruisselante à des heures d'humanité vertes et pleines. Chaude au creux de ma main. Choisie de vergers aimables et de saules ensoleillés. ××××× Ainsi commence la longue danse du retour amazonien. Ai-je effacé ma trace sur le chemin de l'aller? Ai -je oublié trop de noms dans tant de langues amies? Puis-je me perdre sur le dessin de mon ombre? Tout est flou quand on traverse à la vitesse de notre époque tant de choix et de voix différents. A l'ombre de l'amitié amandière et tendre, sur la joue rose de mon fils, dans le vent de l'équinoxe, je trouverai mon axe.








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