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  • Photo du rédacteurCretté Alexandra

Mambo, un poème d'Alexandra Cretté, tiré du recueil Last Baadassss Song

Dernière mise à jour : 9 avr. 2021

Fille de terre de souffre

et de poulet noirci

je suis fille

de rouille et de tôle

je suis manque de

souffle

et respiration de soleil

de femme nue dans ta baraque

de trace de doigt sur ton drap

en traces de sang par terre

de sang encore tiède

Je suis marque chaude

je suis cheveux épars

sur l'oreiller sale

plume de coq noir – sur le mur

où la trace de ma colère

et de ma folie

la fureur de ne rien comprendre

et de craindre tout

surtout les lits d’hôpital.

Là bas

je serais morte

ou je serais chant

Ici

je ne sais pas encore

si je chante

ou si je meurs.

Dans ma tête

la voix de ma mère

et ses yeux

morts

dans mes yeux

vivants.

Finalement

peut-être suis-je

encore en vie....

Je suis pied à terre

dans la farine

et folie du Carnaval

je tousse et crache

des insultes en dix langues

pleines de fucking dog

fille de traces dans le sable

des chemins

et les gosses

les gosses

les sales gosses

me montrent du doigt

me font des cornes

et m'appellent

Satan.

Pour leur faire peur

je danse dans leur ombre

leur montre des dents

mes dents de chienne

et

je chante à l’envers

et

je mors leurs cheveux de chabins sucrés

Je vois des mains accrochées

à la tôle

-dans une brouille de début de mémoire-

Je vois à travers

de grosses fausses lunettes

- cadeau-lessive

ou cadeau-céréale-

ma soeur tomber.

Puis ma mère tomber,

son gros ventre rond en avant.

Je vois se tendre des mains

qui depuis trop longtemps

ne gagnent que des cadeaux-lessive

Je vois quand les autres ne voient rien

J'entends dans les draps de mon lit

la voix de ma mère

Elle me chante des chansons

où elle m'appelle

mo ti fi

Mo ti fi- karess dimo foli-

Fais attention

dans ta robe de baptême

saigne déjà ta première peur

mais

ne t'inquiètes pas

mo ti fi

dors doucement

il n'y a pas le mal dehors

il n'y a que des hommes

qui deviennent fous

parfois....

Mo ti fi

si tu entends le vent-couteau

les plumes des coqs tomber

si tes yeux traversent

les bouillons noirs

et les curées rouges

Mo ti fi

comme quelqu'un de très sage

tout le monde t'appellera Mambo

Tu mettras sur ta porte un signe

les filles viendront toucher ton bas-ventre

les vieilles te craindront

et n'oseront pas parler

en langue bête longue et piment

Mo ti fi – jolie fille-

Je chante ces paroles

la bouche collée à ton petit ventre

Je fais là magie ancienne

et folie peut être encore

mais,

mo ti fi dous

je ne sais pas comment

je vais devoir mourir.…





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