Chère maman, l'encre de mon stylo s'épuise à force de t'écrire. Ton silence me
fouette en pleine gueule. Que dire quand les mots ne peuvent soulager le vide ? Un
vide béant creusé par des gouttes de sueur. Je patauge dans une vie noire sans
l'ombre de tes pas. Toi qui amadouais la vie. Pardonne-moi de faire quereller mes
vers pour te parler. Cet hommage se forge en cri de rage. Je trimbale mes espoirs
dans un trou noir, alors que le soleil chasse mes bribes joies. Pas de rires pour un vent
d'ailleurs. L'éclair de vie campe en bon 18. Je ris puis je pleure.
Il ne restait que tes os lors de mon départ. Je me pressais pour guetter une autre vie.
Tu sais maman, je ne fais qu'observer le soleil équatorial festoyer sur mon crane.
J'épie l'espoir dans la terre des Gaulois. Mais ton rire résonnera au delà des ténèbres,
puisque je reste planté comme un piquet dans les terres de ce bon vieux Christophe Colomb. La Guyane
demeure, ces seins mal carressés jouissant d'une douceur enfouie. Chez-nous,
l'indépendance sonne comme un tambour de rara faisant vibrer chaque pas. Mais, la
honte cristallise les pleurs.
Maman, tu serais soleil pour les regards scandant mon nom. Tu brillerais par tes pas
déhanchés. Les qualificatifs sont un chapeau sur ma tête tutoyant l'espérance.
Tu étais Déesse quand je dessinais la vie sur des feuilles déchirées. Mais maman, il
m'arrive de trébucher face à la poussière. Ici, il pleut que haine sur les étrangers.
Je suis secoué jusqu'aux entrailles. Même si je décide de humer ma terre, les
séquelles de cette poussière obstrueront ma vue. Man, les mots se cachent pour
observer ma peine. Cet épitaphe en tache de sang carresse le vide pour enfanter un
rire méprisé. J'attends ta réponse avec impatience. Et ta voix luira sur mon chemin. Que
ma poésie s'invite telle une tempête tropicale pour faire reculer cette pierre tombale.
Et des gouttes de pluie te transporteront cette lettre.
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