Ma reine,
Quel verbe parviendrait à conjuguer mes sentiments à ton égard, dans cette cité où les je t'aime pullulent à tort et à travers ? Je te connais par cœur, ma reine. Tu es la leçon que j'apprends le long de la crise. Voici plusieurs heures que je ne puis mouiller mes lèvres contre les tiennes.
La poussière de Savane-pistache s'élève entre nos deux iles, comme une muraille de Chine pour m'empêcher de t'embrasser et te chuchoter les verbes que j'ai cru aptes à subsumer l'amour que je te porte. Alors ce soir, je me retrouve seul. Damné à ruminer ton nom dans ma nuit.
À te recréer dans ma tête. Prisonnière de ta rage de femme. Je suis seul et je crève d'inquiétude pour ce pays qui a vu des cris quisquéyens jaillir de nos entrailles de gosses à l'espoir fou. Ce pays qui donne pas de voix au chapitre, pas d'exutoire pour se dire. Où partir se fait seconde nature. Où l'on nous reprend même notre part de crève-la-faim, nous vole même l'immortalité qu'octroie la folie d'avoir lutté pour des causes perdues d'avance.
C'est qu'avec toi tout prend sens, ma reine. Même la géhenne. Plus peine ni soif lorsque ta paume me blesse tendrement l'échine, et que ton corps fait la couverture. Plus ça, si je me souviens combien tu me veux pour toi seule. Et quand mon reflet réfléchi sur la paroi de ton iris, tout
pétillant sous moi, ce n'est pas une chute que je perçois. Pas un elfe qui déambule dans une cuve à l'existence falote. Plus pleurs ni affres. Je ne suis plus ce quêteur d'aube qui déchoit dans les limbes d'une cité à la misère mosaïque. Mais une part de ta peau.
Aujourd'hui, je fais face au drame de ne savoir comment te raconter mon cœur. C'est un mal fou qu'il m'a pris pour te refaire ces mots selon la mesure des infinis que mes mains ont su frôler.
Malgré tout, je ne puis me dire à vous. Ainsi, j'irai vous cueillir la muse même et vous l'apporter chez vous, dans un bouquet de baisers.

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