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Photo du rédacteurCretté Alexandra

Les péripéties de Dobile Ndongala, une nouvelle de James-Son Derisier

La traversée


« Woy. Woy. Woy. J’en peux plus. Oh Legba! Jusqu’à quand cette tribulation ? ». Ce

sont ces mots que ne cessait de se répéter Dobile Ndongala dans la cale du bateau "La

Nuisance". Ce trajet avait duré plus de trois mois loin des terres et loin des êtres aimables.

Capturé sur la côte du Sénégal, Dobile représentait aux yeux de son propriétaire un or précieux

pour les plantations en Amérique. Il avait eu 28 ans et son architecture corporelle faisait saliver son

propriétaire qui pensait déjà à l'avancée des travaux dans ses champs de canne.

Dans cette cale il y avait eu plus d’un millier d’esclaves parqués comme des objets inutiles. Originaires de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, de la Guinée, d’Angola, du Congo, du Bénin..., ils ne partageaient ni les mêmes cultures ni les mêmes langues. Leurs seules expériences communes furent la souffrance, la tristesse et les mauvaises odeurs que dégagèrent leurs corps pendant plus de trois mois.

- J’en peux plus papa, j’ai mal partout, dit Mboli, le fils de Dobile.

- C’est dur mon fiston. J’aurais bien souhaité faire quelque chose mais je n’en ai pas les moyens. J’ai peur pour toi, pour moi et pour notre avenir.

Les conditions de cette traversée furent difficiles pour ces esclaves. La faim, la douleur de leurs

corps entassés dans la cale ne manquèrent pas de les pousser à la plainte. L’intervention de Jean

Mauripeau fut plus méprisante que bénéfique. Il brandit son fouet et menaça Dobile de

lui donner plusieurs coups en cas d'indiscipline. Il dirigeait ce convoi depuis l’Afrique jusqu’en

Amérique. Il voulait satisfaire le désir de son grand souverain Dimellon II. Car, après de

nombreuses guerres en Europe, la France se trouvait affaiblie économiquement. Cette situation

avait poussé ce roi à prendre la décision d’investir dans des projets coloniaux dans le Nouveau

Monde.

- Woooooyyy, papaaaaaaa, je vais mourir, dit Thérèse, la fille de Dobile.

- Ma fille tu dois te battre. On n’est pas loin de s’en sortir, dit Dobile pour réconforter sa fille

dans ses douleurs.

Les esclaves maigrissaient et les odeurs qu’ils dégageaient étaient suffisantes pour causer leur mort.

Cependant, Mauripeau et les autres blancs à bord de La Nuisance buvaient de l’alcool fort pour

fêter leurs achats à petit prix auprès de Mozi Mdonbe, le marchand d'esclaves. Quelques

semaines plutôt, soit le premier juin 1689, lorsque La Nuisance avait accosté sur la côte du Sénégal pour acheter les esclaves, Mauripeau avait fait le signe de la croix pour remercier Dieu de lui avoir permis ce parcours depuis l’Europe jusqu’en Afrique. Ainsi, en contactant Mdonbe, on lui présenta des milliers d’esclaves. Mais il insista pour acheter des esclaves de différentes origines afin d'éviter qu’ils parlent la même langue et se révoltent sur le bateau.

Thérèse se tordait de douleur au cœur de l’océan Atlantique. Entre déshydratation, faim et

mauvaise hygiène, la petite hurlait sans arrêt. Cela arriva aux oreilles de Mauripeau qui n’hésita pas une seconde à ordonner à l’un des gardes blancs de lui faire fermer sa bouche à l'aide de quelques coups de fouets. Les coups reçus sur son dos et la rude traversée en fond de cale ne firent qu’exacerber la souffrance de la petite. Déstabilisation morale, faiblesse, horreur de la vie dans la cale, elle se trouva morte un jour plus tard.

Elle fut jetée à la mer.

La tristesse de Dobile augmenta alors de jour en jour. Il devint un homme abonné au malheur. Comblé d’inquiétude pour ce long trajet, le cri des esclaves traduisit sans cesser la douleur et le désespoir. Leur situation bascula de plus en plus vers l'enfer et plus de deux cents d’entre eux perdirent la vie.

- Je vais vous donner du pain mais vous devez fermer vos gueules. Sinon, je vais le fermer avec ce fouet. Vous m’empêchez de me reposer. Si vous continuez, vous ne ferez qu'un bon repas... pour les requins.

Souffrance, peur et chagrin se mélangeaient pour dessiner le trajet de la famille Ndongala et des

autres esclaves sur le bateau. Le 27 septembre 1689, La Nuisance accosta à Cayenne pour débarquer une grande quantité d’esclaves avant de prendre la direction de la Caraïbe et de se réfugier à Port-au-Prince.



La rencontre


Ce 27 septembre 1689, l’habitant Pierre Talbert était déjà disponible pour accueillir ses

esclaves qu’il attendait depuis longtemps pour le travail aux champs. Le débarquement dura

quelques heures. Entre crainte du sort qui leur était réservé et soulagement après ce long

périple, le chagrin n’arrêtait pas de surprendre la famille Ndongala. Car les acheteurs décidèrent

d’éloigner les membres de cette famille. De ce fait, l’habitant Pierre Talbert n’acheta pas

la femme de Dobile, Jalila. Elle resta dans La Nuisance en direction de Saint Domingue. Il acheta Dobile pour les travaux dans ses champs de canne-à-sucre de sa propriété, sur les bord du fleuve Kourou. De son côté,l’habitant Jolibet acheta une grande quantité d’esclaves dont le petit Mboli , âgé de seulement 8 ans, pour les petits travaux de maison, à Macouria. Cette séparation fut dure pour eux, ce qui ne manqua pas de les faire sangloter pendant plusieurs heures. À Kourou, Dobile fut lancé directement dans des travaux de force aux champs sous les ordres du contremaître

Modalbert. Costaud, on lui confiait les travaux les plus durs. Il fallut attendre plus d’un an pour

que les esclaves aient une communication plus ou moins normale à cause de leurs origines

diverses. Dobile rencontra Jobilo, un esclave âgé de 34 ans qui y travaillait depuis son plus jeune

âge. Ils commencèrent à parler de leurs traversées, des membres de leurs familles décédés et jetés à la mer. De de leur souffrance dans les fers. Toutes ces douleurs animèrent leur désir de fuir l’esclavage pour se cacher dans la forêt. En pleine nuit, ils s’organisèrent et partirent. Ils passèrent près de trois jours loin de leur maître et des horreurs de l'Habitation. Leur méconnaissance de la forêt les empêcha de trouver un refuge véritablement loin des travaux forcés des champs de canne.

Dans l'ombre de la forêt, ils prièrent leurs dieux et supplièrent leurs ancêtres de les libérer de l’esclavage.

Mais des voix, déjà, n'étaient pas loin:

- Ils sont là, ils sont tout près ! cria le contremaître Modalbert.

- Oh mon Dieu, on va mourir, murmura Jobilo à son ami Dobile.

Ils furent capturés et transportés dans l’habitation pour subir le sort de tous ceux qui avaient marronné.

L’habitant Talbert prit la décision de les fouetter lui même devant les autres esclaves de

l’habitation afin de leur donner un bon exemple et d’empêcher toute tentative d’évasion. Talbert

fouetta Dobile jusqu'au sang et coupa la main droite de Jobilo. Il interdit à tout autre esclave

de leur venir en aide et les laissa croupir dans la poussière.

Douleur abominable, mépris, Dobile et Jobilo firent face à leurs pires cauchemars. Entre

cris de douleur, faim et absence de soins, leur état ne pouvait qu'empirer. Leur première nuit fut un long cri de douleur qui parvint des heures durant à toutes les oreilles des cases de l'habitation. La voix de Jobilo semblait celle d’un porc en train de s’étouffer.

Il éructait, comme serré au cou par une corde violente, et ce pendant plus de 24 heures.

Personne ne put fermer l’œil cette nuit là. Néanmoins, ils durent tous se lever, déjà prêts, à quatre heures pour aller au travail. À presque cinq heures, Modalbert était déjà devant eux deux, pour bien vérifier qu'ils ne pouvaient dormir.

La douleur obligea Jobilo à ne rien faire pendant quelques jours avant de le remettre aux champs. Pour Dobile, il ne fut pas question de se reposer, même avec son corps sanguinolent. Cette journée fut une torture pour lui et il ne put travailler comme d’habitude. Lorsque la nuit tomba, il rentra pour aller se reposer. Mais le même cauchemar se poursuivit, l’état de Jobilo s’aggrava et son moignon coupé commença à dégager des odeurs irrespirables. Jobilo tremblait et ouvrait sa bouche pour dire les mots du désespoir:

- Je sens que mon dernier jour arrive. La vie n’a pas de sens. La vie ne signifie rien pour

un homme noir. Nous sommes comme des animaux,ici. Des biens qu’ils achètent et qu’ils utilisent pour les jeter comme des ordures. Je n’ai plus d’importance. Ma vie ne sert à rien. Je ne peux pas vivre dans ce monde là.

Honélia, une belle esclave qui soignait habituellement les malades dans les cases, se dirigea devant la maison de Modalbert pour lui dire que Jobilo se mourrait.

Après tant de mépris, on décida d'accorder quelques soins à l'esclave. La souffrance atroce de Jobilo l’obligea à passer près de trois semaines dans sa case. Quant à Dobile, il ne fut pas pour lui question de prendre du repos. Talbert considérait comme de simples égratignures les profondes marques du fouet dans son dos.

Il fut obligé d’accompagner les autres esclaves dans les champs, comme d’habitude.

L'habitant renchérissait:

- Un noir est un esclave et un esclave est un bien qu’on achète pour accroître ses profits

en tant que blanc. Il n’est pas question de le ménager trop et de lui donner beaucoup de

repos. Il suffit juste de lui donner à manger pour reprendre des forces, comme un cheval de peine

qu’on utilise pour transporter les récoltes des champs. Moi Talbert, j’étais pauvre en France, mais aujourd’hui je suis riche et j’ai des esclaves qui m’astiquent les pieds même s’ils puent. Pas question de les enchérir. S’ils se rebellent, je les fouetterai tous jusqu'au sang pour leur apprendre que leur vraie place est dans les champs, là où est le vrai bien de leur maître.

La mort constituait pour les esclaves la seule façon de reprendre leur liberté puisqu’ils ne

connaissaient pas la Guyane et ne savaient où aller. De retour aux champs après presque

trois mois, Jobilo ne put cependant travailler comme avant. Il devint un poids: moins efficace à la peine, et moins utile à la plantation. De plus en plus rapidement, sa charge de travail augmenta. Les esclaves étaient tous de plus en plus chargés de besogne et le maître se concentrait uniquement sur leurs forces sans acheter de nouveaux esclaves.

La situation des esclaves s’aggrava et ils continuèrent à dépérir. Le temps passait. Un mardi vers huit heures du matin, un groupe d’esclaves arriva devant la maison du maître. Et à son grand étonnement Dobile reconnu de loin un jeune garçon qui ressemblait à Mboli. Deux ans s'étaient déjà écoulés et Mboli avait grandit. Lorsqu’il s’approcha, il constata que c’était vraiment son fils. Mais il ne put l’approcher vraiment. Sinon, on allait e punir. Le maître acheta Mboli pour deux cents francs tout en sachant comment utiliser cette nouvelle main d’œuvre. Mboli s’approcha ensuite des cases des esclaves. Il vit un homme en train de lui sourire. Lorsque qu’il reconnu son père, il se précipita vers lui tout en pleurant et de joie et de leur souffrance commune. Ils passèrent de longs moments à discuter dans la pénombre. Le lendemain matin, ils se mirent à travailler l’un à côté de l’autre. Mais, les entendant parler, Modalbert les interpella:

- Hey! Bande de salauds, qu’est-ce que vous planifiez là ? vous devez travailler, vous avez

beaucoup de choses à faire.

Le contremaître demanda à son maître de séparer Dobile et son fils afin de prévenir toute planification d’évasion. Désormais, ils ne travaillèrent plus côte à côte. Car le maître était prudent

surtout pour l'économie de son domaine, parce qu’il avait dépensé de l’argent pour acheter ses esclaves et n’avait pas envie de le perdre.

Il y a avait une femme dans la plantation. Femme d’Afrique, formes pleines. Quand elle marchait, elle mettait les hommes sur trois pieds. Dobile n’arrêtait pas de regarder Honélia lorsqu'elle se dirigeait tranquillement vers la cuisine. Le va-et-vient de ses fesses et ses seins hauts placés sur son estomac le faisaient saliver. Son plus grand désir aurait été de la caresser comme un homme libre d’Afrique. Honélia, elle, attendait ce moment. Elle rêvait de se blottir dans les bras de cet homme viril. Dobile lui adressa quelques mots pour lui montrer son désir de lui donner de l’amour. Elle accepta clairement, sans poser de question. Les travaux dans les champs étaient certes durs, mais ils se contentèrent de leur compagnie les soirs où ils rejoignirent pour passer du temps ensemble afin d’oublier pendant un moment les misères. Un vendredi soir, ils prirent rendez-vous sous le manguier de la cour. Sur un sac par terre, il s’approcha d'Honélia et lui dit :

- Mon amour, je veux te faire oublier toutes tes années d'esclavage. Je vais te faire goûter

le sucre de mon corps, la douceur de mon arbre, tu vas connaître enfin le plaisir.

Il toucha son sein et déposa sa langue sur son cou, l'embrassant lentement jusqu’à son oreille

gauche. Elle commença à se transformer sous Dobile, se laissant aller à ses sensations extraordinaires de plaisir.

Elle prit son sexe au creux de sa main encore douce et lui fit de longues et suaves caresses.

Elle porta son pénis à ses lèvres et le téta longuement dans l'ombre secrète de la nuit. Dobile

en profita pour toucher son sexe tendre. Il toucha son clitoris avec douceur et plongea

son doigt en elle. Le gémissement d'Honélia fut sa seule chanson en cet instant et les douleurs de l'absence de liberté s'évanouirent, ils arrêtèrent de penser aux travaux, à la souffrance. Il entra en elle comme en une maison perdue et retrouvée.

Elle commença à jubiler :

- Ayyyyy, ayyyyy, ssssss, mmm ayyy ii doussss. Tu es comme miel mon chéri.

Elle jouit alors pour la première fois de sa vie. Elle lui promit avidement de le voir chaque soir sous le manguier.

Après autant de baisers que leurs moments pouvaient en contenir, ils prirent la direction de leur case respective pour se reposer, car les travaux sans répits les attendaient le lendemain.

Le lendemain de très tôt, les tâches ménagères attendaient Honélia. Elle devait

préparer le petit déjeuner de grand matin. En sortant de sa chambre, le maître alla pour uriner. Il aperçut Honélia se diriger vers la cuisine. Sa beauté était attirante. Le maître sentit monter en lui le désir de lui faire l’amour. C'était la première fois qu’il prenait de son temps pour admirer une esclave. Mais il ne put faire grand-chose car sa femme était très proche d'eux et de plus elle était d'une nature fort jalouse. Qu'Honélia eut de gros seins et des fesses rebondies lui donna

envie de la toucher. Dans la soirée, le maître alla la voir aux cuisines pour lui demander de lui

préparer une infusion qui lui permettrait de bien dormir, prétextant qu’il n’avait pas eu le sommeil bon depuis deux jours. Elle alla chercher dans le jardin des feuilles pour lui préparer ce thé. Elle

voulut lui faire payer sa mauvaise foi. Elle choisit donc des feuilles pour l’ensommeiller pendant

plus d’une nuit. Mais le maître ne voulait pas vraiment boire ce thé. Il l’offrit à sa femme en lui disant qu’il lui souhaitait un bon repos. Talbert sortit sur la véranda et se dirigea d'un pas net vers les cases des esclaves.

- Honélia, Honélia, viens par-là. J’ai besoin de toi.

Honélia eut peur et pensa déjà à sa mort puisqu’elle avait voulut lui faire du mal. Il

l’approcha et lui parla d'une voix douce. Il toucha son cou et lui donna un baiser. Il détacha sa chemise et empoigna ses seins tout en léchant sa bouche. Il la prit par le bras et se

dirigea vers un abri loin de la maison. Il la déshabilla et suça son cou. Mais elle était réticente

car elle aimait Dobile et se sentait mal à l’aise de coucher avec ce blanc, ce maître. Toutefois, elle ne put résister aux sensations du moment. Le maître toucha son sexe. Sa voix commença à changer. Elle gémit et Talbert sortit son pénis de son pantalon et la pénétra. Ce moment dura plus d’une heure. Pendant que sa femme se trouvait dans un profond sommeil, il en profita pour prendre du plaisir avec son esclave. Les mots de Talbert dans les oreilles d'Honélia ressemblaient à ceux

d’Oswald Durant qui décrivait Choucoune. Le maître fut tellement content de goûter à ce fruit

défendu, qu'il voulut faire de cette séance une séance de routine et commença à soulager Honélia de ses tâches

pour pouvoir la retrouver en meilleure forme chaque soir. Dobile ne put rien faire même s’il l’aimait. Car un esclave est la propriété du maître. Celui-ci peut décider de faire ce qu’il veut de ses biens. Après cette séance d’amour, elle resta toute seule dans son coin et se dit à elle même:

- Je crois bien que j’ai beaucoup pleuré. Mais pas de douleur comme d’habitude. Cette fois-ci

c’est l’intensité de ce moment gravé dans mon esprit, comme si je venais de lui donner ma seconde virginité.

Le lendemain Talbert avait constaté que sa femme dormait encore trop. Lorsqu’il la réveilla, elle était fatiguée.

Le thé d'Honélia faisait un ravage sur son corps. Il l'appela:

- Honélia, Honélia !!! Viens par là. Tu vas payer pour ce que tu as fait à ma femme!

Son désir pour elle se transforma immédiatement en haine et il la fouetta avec rage. La séance de fouet laboura son dos.

Les douleurs l’empêchèrent de bouger pendant deux jours et elle ne put travailler. Une semaine plus tard, Talbert ressentit dans ses reins le désir de l'avoir dans l’abri. Si son cœur la détestait, son corps sentait encore de la douceur de son vagin. Il sortit de sa maison, traversa jusqu'aux cases aux esclaves et l’appela.

- Honélia, je sais que tu ne dors pas, je t’attends dans l’abri.

- J’arrive tout de suite, maître.

Cette fois-ci la séance dura près de deux heures. Le maître voulut lui faire l’amour pour tous

les jours ratés. Honélia n’avait en tête que de satisfaire son maître afin d’éviter toute punition.

Mais elle aimait beaucoup Dobile, malgré tout. La douceur du corps d'Honélia, sa belle forme qui lui donnait du désir poussaient Talbert à sortir chaque soir de son lit pour aller la retrouver dans l’abri.

Un soir, elle attendit l’appel de son maître pour aller dans l’abri, mais il ne vint pas.

Le lendemain matin, elle constata qu’il avait eut une forte fièvre. Cela dura quatre jours. Après la fièvre du maître, Dobile voulut retrouver sa bien-aimée pour revivre l’amour dont il était privé depuis un long moment. Ils passèrent une semaine à se retrouver et à prendre du plaisir. Dobile était profondément heureux, on aurait dit qu’elle semblait plus douce qu’avant. Un soir, alors qu'ils faisaient l’amour en toute tranquillité dans une case, une voix impérieuse appela non loin.

- Honélia, je t’attends tout de suite.

Talbert entendit des bruits dans la case à coté de lui et décida d’aller voir ce qui s'y passait. Il vit alors Dobile et Honélia en train de se rhabiller vivement. La rage l'envahit mais il choisit de garder sa haine en lui encore un jour. Le lendemain matin, il réunit ses deux esclaves pour leur

donner une bonne leçon. Car elle ne devait pas le tromper avec cet esclave. Il fouetta Dobile

jusqu’à laisser de grosses traces profondes dans son dos. Et Honélia, il la fouetta également mais pas comme il le fit à Dobile. Ces coups de fouets ne firent qu’augmenter le sentiment de haine pour

le maître. Dans la soirée les esclaves décidèrent de se réunir loin de leurs cases pour une

cérémonie et des planifications pour leur avenir. Après quelques minutes ils évoquèrent des

esprits tout en dansant.

- Dambalah, libérez-nous, la liberté nous manque

On souffre beaucoup donnez-nous la chance

La misère nous empêche toujours d’être content

Dambalah Wedo, cela dure trop longtemps

Le lendemain le maître décida d’empêcher les esclaves de faire ces cérémonies et décida de les

confier au Père Jean, afin de les baptiser et de leur prêcher la bible. Cela avait pour but de leur faire accepter l’esclavage et de travailler pour leur maître sans se plaindre.

Les esclaves savaient bien que leur prêcher la bible avait pour but de les priver de leur volonté de liberté.

Un dimanche soir, ils décidèrent de se voir dans la forêt pour continuer leur cérémonie vaudou,

avant de fuir l’esclavage. Ils chantèrent moins fort cette fois et dansèrent de manière à

interpeller les esprits pour les aider dans leur sort. Vers une heure du matin, ils quittèrent

l’habitation pour se réfugier loin dans la forêt. Ils marchèrent près de deux heures avant de se

reposer. À cinq heures du matin Modalbert constata qu’ils n'étaient pas là lorsqu’il vint les

chercher pour aller dans les champs. Il se dirigea vers les champs, pensant qu’ils étaient déjà au travail. Ils n'étaient pas là non plus. Il contacta Talbert pour lui faire part de la disparition des esclaves. Il fut étonné et se leva tout de suite pour partir à leur recherche. Ils emmenèrent avec eux une trentaine de blancs et passèrent presque une journée avant de les retrouver coincés dans la forêt ne sachant pas où aller à cause de leur méconnaissance.

- Ah ah! Je vais vous massacrer. Vous n’allez plus jamais reproduire ce genres de choses.

Vous m’avez faire perdre mon temps à chercher une bande d’imbéciles comme vous.

Vous allez voir, rugit Talbert.

La sanction fut sans pareil. Il n’y a pas pire qu’une catastrophe. Bain de sang, grosse douleur,

regret, chagrin envahirent toute l’habitation. Il commença par couper la main gauche de Mboli

et ses oreilles, il coupa l’autre main de Jobilo. De plus, il força Dobile à creuser un gros trou

afin de terminer avec ces esclaves torturés. Découragé par la tristesse, il creusa le trou en

pleurant la perte de ses êtres chers. Le maître ordonna de mettre Mboli et Jobilo dans le trou et

ne laissa que leurs têtes hors de terre, tandis que les reste de leurs corps se trouvaient dans le trou comblé. Il prit du sirop de canne qui coula sur leurs têtes et les laissa ainsi pendant un jour, avant qu'ils rendent leurs derniers soupirs. Quand aux autres esclaves, il les fouetta l' un après l’autre et laissa de larges traces dans leurs dos. Il coupa trois des doigts de la main gauche de Dobile et son oreille gauche. La douleur fut le repas le plus prêt pour lui et le contentement fut très rare. Le

maître ne le mit pas trop en mauvais état pour pouvoir en tirer un peu d’argent. Enfin, il contacta

un marchand d’esclave pour les vendre , lui et une quinzaine d’entre eux. La Nuisance était toujours dans le trafic d’esclave et une fois de plus, ce bateau transportait d’autres esclaves venant

d’Afrique vers Haïti. Accosté dans le port de Cayenne, ils mirent Dobile dans le bateau sur

lequel il passa plus d’un mois avant d’atteindre Saint Domingue.




Saint Domingue



Sur La Nuisance, Dobile subit les conséquences de ses actions dans l’habitation

Talbert. Désormais, il fut surveillé de très près pour limiter au maximum son influence sur les autres esclaves du bateau. Il fut question d’empêcher toute action pouvant causer un dommage à l’économie naissante dans les Colonies de la Métropole. De ce fait, on le sépara des autres esclaves pendant quelques jours durant la traversée, avant de le remettre parmi le millier entassé dans la cale. Il y rencontra deux autres esclaves qui venaient du même pays que lui. Madunga et Stefundo étaient jeunes et forts. Leur achat devait les envoyer vers les plantations de Saint Domingue. Les trois esclaves eurent rapidement une vision commune: trouver un moyen de fuir l’atrocité des blancs. Dans son profond chagrin de la perte des membres de sa famille, Dobile réfléchit à de nouveaux projets. Il ne voulut plus baisser les bras. L’un des blancs du bateau surprit un chuchotement entre Dobile et ses nouveaux alliés. Il fit tout de suite appel aux autres blancs pour les séparer. Ils les séparèrent pour éviter une rébellion. La traversée fut difficile pour tous. Les esclaves comme les blancs étaient malades. Entre agitation de la mer, douleur dans la cale et la faim, une centaine d’esclaves ne put résister à ces conditions extrêmes. Un d’entre eux décéda. Les

maîtres ne passèrent pas dans la cale pour ordonner de les jeter à la mer et les esclaves enchaînes

ne purent rien y faire. Ainsi, ils restèrent cinq jours dans la cale à côté des autres. Les morts jouxtant les vivants. Les morts en décomposition, l’odeur que dégageait leurs corps se rejoignirent pour former la véritable cause d’une cinquantaine de décès en plus. Ainsi, enfin, les blancs se décidèrent à les jeter dans la mer et ils continuèrent vers les Antilles.

La Nuisance arriva dans le port de Fort de France, en Martinique. Plus de soixante-dix esclaves furent déposés à terre pour être vendus rapidement dans les plantations de la colonie. Dobile fut soulagé d’être enfin arrivé, il attendait son appel pour descendre. Mais ils appelèrent Stefundo et laissèrent Dobile dans la Nuisance avec Madunga. En direction de Saint Domingue, ils passèrent encore plus de deux semaines sur la mer. Dans ses quartiers le capitaine de La Nuisance s'adressait à ses sous officiers:

- On a fait une bonne affaire,les amis! Maintenant, trinquons pour célébrer cette vente! Et chantons :

La vie nous donne possibilité d’être riche

Notre patrie sera fière de nous

Notre Roi entend tous nos exploits

Et en tire plus de confiance en nous.

Ce moment de plaisir fut arrêté par le hurlement d’un esclave qui tentait de se jeter à la mer.

Grand et costaud, il résista aux blancs qui essayèrent de le garder à bord. Il creva

l'œil d’un de ces hommes blancs. Une décision fut prise: celle de lui couper un bras et de

lui crever un œil en retour. Après avoir subi ces tortures, il resta comme un paquet de chair dans un coin pendant plus d’une semaine et l’odeur que dégageaient son bras coupé et son œil causa la maladie de nombreux autres esclaves. Dobile fut l’un d'entre eux et resta deux jours sans pouvoir même goûter un grain de sel de cuisine. Son état s’améliora trois jours plus tard, il pouvait de nouveau s'alimenter. Mais lorsqu’il essaya de s’approcher de la victime, il fut réprimandé.

- Woy, woy, woyyyyyyyy sa zot lé mo fè ? mo pa ni dwa fè anyen ? dit Dobile en créole de Guyane.

Un des blancs s’approcha et lui donna un coup dans la tête pour ses mots qu’il ne pouvait

comprendre. Son corps devint comme un grand tambour qui sert à animer les cérémonies

de vaudou. Il devint un porc destiné à la mort pour les cérémonies des grands carrefours à minuit.

Environ une semaine plus tard, ils atteignirent Port-au-Prince et demandèrent aux esclaves de sortir pour se montrer aux acheteurs sur le pont.

L’habitant Beaupoint se pressa. Il venait acheter des esclaves pour ses plantations dans la

plaine de Léogâne. Lorsqu’il tomba sur Dobile et Madunga, il s’empressa de trouver un accord

pour avoir ces bijoux. Il les eut en échange de l’indigo. Arrivés à Léogâne, il ne se passa pas

deux jours avant qu'ils ne rejoignent les travaux dans les champs. Ils passèrent la première journée à travailler et n’eurent pour tout repas qu’un morceau de cassave et un bout de canne à sucre, à peine autorisé par le contremaître Estrebénis. Enfin, il fut l’heure de rentrer car la nuit tombait. Dobile et son ami furent placés l’un à côté de l’autre dans une case aux esclaves.C'est là que Dobile entendit une voix dans la pénombre:

- Jalila, Jalila! Jalila viens! On doit faire l’amour car le maître est déjà au lit, disait Botin, un

esclave de la plantation.

Dobile resta sans dire un mot. Il se demandait si cette Jalila n’était pas la femme qu’il avait aimée depuis le Sénégal. Lorsqu’elle passa pour rejoindre Botin, Dobile fit un gros bruit pour attirer son attention. Lorsqu'elle se rapprocha , il lui dit :

- Jalila c’est moi: ton mari! On m’a transporté ici depuis la Guyane, l’endroit où on nous a séparé!

Jalila fut sous le choc et s’empressa d’embrasser Dobile, emplie de joie de le savoir vivant. Botin voulut le frapper et lui annonça qu’il comptait le tuer pour récupérer cette femme. Mais Jalila se tint entre les deux hommes et lui expliqua que c’était son mari, son vrai mari, avec lequel elle avait déjà eu deux enfants. Il se calma et lui laissa sa femme puisqu’il fut déjà au courant de tout. Ils furent tristes de se raconter leurs situations choquantes qu’ils vécurent chacun dans différentes

plantations depuis leur séparation. Jalila ne put rester sans pleurer après avoir appris la mort

douloureuse de Mboli mais se calma après les mots de réconfort de son mari. Il lui expliqua sa

traversée difficile et sa rencontre avec Madunga. Le lendemain vers quatre heures du matin,

Estrebénis était déjà devant leurs cases, comme tous les jours.

- Bande de fainéants, oisifs c’est l’heure d’aller travailler, sinon il y aura quelques coups de

fouets réservés pour vous chauffer le dos.

Jalila fit une grande caresse à son mari, lui sourit et le laissa aller dans les champs. Elle prit la direction de la maison de maître Beaupoint pour les tâches ménagères. Elle passa toute la journée à penser à Dobile. Dans la soirée ils passèrent plusieurs heures à faire l’amour sous un calebassier de la cour et en profitèrent aussi pour organiser des cérémonies de prières vaudou, ce qui scella

leur sort à tous les deux. Ils rassemblèrent d'autres esclaves de l’habitation, loin des yeux du maître, pour interpeller leurs esprits et danser pendant quelques heures de la nuit. Un soir, en venant chercher Jalila pour aller laver les pieds de maître Fagot, Estrebénis constata qu’ils ne'étaient pas dans leurs cases. Il entendit un bruit loin et décida d’aller voir ce qui se passait. Il arriva à un clairière où il vit la cérémonie vaudou qui faisait virevolter les esclaves. Ils dansaient et chantaient :

Dambalah oh di yon mo pou nou, nou soufri ase

Papa ogou oh nou vle libète, nou soufri ase ohhh

Nan moman sa ou pa dwe lage nou vini di yon mo

Nou mouri pil sou pil, nou vis tankou chyen di yon mo pou nou ehhhhh

Blan mannan vle manje nou yo vle touye nou bannou liète nou, nou fout di sètaseeeeee

Il appela tout de suite Beaupoint pour les sanctionner. Le lendemain matin, le maître contacta

le père Eliastin pour convertir tous les esclaves sans exception. De plus, Beaupoint annonça

qu’il les tabasserait s’ils se mettaient à faire ces cérémonies. Convertir les esclaves ne pût les

empêcher de penser à leur rites. Ils complotèrent pour faire payer à Estrebénis ce qu’il avait

fait. Deux esclaves s’habillèrent comme des esprits maléfiques pour lui faire peur tous les minuits.

La première fois, Estrebénis quitta sa chambre en courant et en poussant de gros cris, pour finir par se réfugier à la maison de Beaupoint. Ils prirent les esclaves comme cible mais attendirent plus de

preuves pour les faire fouetter. Après cinq nuits consécutives, Estrebénis demanda à quitter l’habitation car il avait peur de ces esclaves qui lui rendaient la vie impossible. Cette situation difficile fit peur même à l’habitant Beaupoint qui du réagir à cette situation nouvelle. Il fit

fouetter tous les esclaves et les averti du sort qui les attendait en cas de récidive. Les

esclaves s’organisèrent pour fuir définitivement la plantation. Ils prirent la direction du sud de Léogâne pour aller se réfugier dans les montagnes. Des affiches de recherche furent posées partout pour les retrouver. Beaupoint réunit environ vingt blancs armés et ils partirent à leur recherche sur des chevaux. Ils passèrent près de trois jours dans les forêts avant de les retrouver, en train d’escalader la montagne. Ils les attrapèrent et les emmenèrent à l’habitation. Les captifs ne purent faire grand-chose quand ils furent arrivés à la propriété, car ils étaient épuisés. Le lendemain matin, Beaupoint réunit tous les esclaves sur la cour et il les tortura pour éviter que ce genre de situation ne se reproduise. Les esclaves passèrent deux semaines sans rien faire avant de planifier autre chose. Ils décidèrent alors d’empoisonner tous les blancs et de repartir en marronnage. Dans le repas d’Estrebénis, Jalila mit du poison. Les esclaves furent soupçonnés de l’acte. Mais, par rapport à l’état de dégradation de la santé d’Estrebénis, les maîtres pensèrent finalement à une mort naturelle. Car il buvait beaucoup l’alcool fort. Deux semaines plus tard, les esclaves empoisonnèrent presque trente blancs de Léogâne en complotant avec d’autres esclaves d’autres habitations. L’habitant Beaupoint décida alors de tuer certains esclaves. Il étrangla d’abord Jalila qui était la cuisinière, pensant qu’elle était la coupable. Il poursuivit en tuant quinze autres esclaves. Dobile fut inconsolable et vécu cela comme un terrible échec.

Le mal était devenu son ami depuis sa capture au Sénégal. Après ces tortures, le maître décida de

vendre le reste des esclaves, pour récupérer une bonne partie de son argent. Mais aucun habitant de la colonie ne voulut se procurer l’un d’entre eux. Face à cela, il planifia de les envoyer en Guyane. Lorsque La Nuisance prit la direction du continent, ils furent embarqués dans le bateau comme des porcs en partance pour l’abattoir.


Le retour improbable en Guyane

Entre retrouvailles, peur, chagrin, souffrances, horribles conditions de vie et de travail,

la vie de Dobile fut un véritable cauchemar. Sa soif de liberté avait été à l'origine de la mort de ceux qui lui avaient été chers.

Il n'avait pas réussit à leur éviter la souffrance et leurs maîtres continuaient à s'enrichir de leur travail forcé.

Dès lors, la vie d’esclave de Dobile se dessina en nomadisme. Cette fois-ci, ils furent trois-cent-cinquante esclaves entassés dans la cale de La Nuisance, en plus des cinquante blancs se dirigeant vers la Guyane. Ce fut un moment difficile, car la mer fut agitée et il n’y avait pas suffisamment de nourriture sur le bateau. Le premier jour, un esclave tenta de se jeter à la mer, ne pouvant plus supporter une énième déportation et un enfer subit depuis plus de quarante ans. Il n'y parvint pas. Il fut roué de coups jusqu'à ne plus pouvoir bouger. Les blancs venaient uriner et déféquer dans des seaux posés au fond de la cale, là où les esclaves étaient entassés. Trois jours plus tard, deux esclaves furent retrouvés morts. Les blancs les jetèrent à la mer. Une femme se rapprocha d'autres esclaves pour planifier une révolte, mais un blanc l'entendit. Elle fut fouettée à mort pour dissuader tous les autres.

A la suite de cela, la situation des esclaves se dégrada. La faim s'installa dans la cale et certains d’entre eux y succombèrent.

- Anmweyyyyyyy, anmweyyyyy, sam fè map peye, hurlait Jolette pour son amant qui venait de mourir dans ses bras.

- Taisez-vous! Vous nous empêchez de dormir! répondait le contremaître.

Ils jetèrent le corps à la mer et Jolette continua de pleurer.

Rien ne s'améliora pour la cale. Ils eurent beaucoup faim et ne trouvèrent rien à manger. On suspendit les rations pour dompter l'envie de se rebeller. La maladie causa la mort de près d’une dizaine d'esclaves, pendant que les blancs se rejoignaient le soir pour leur repas, lors desquels ils buvaient des rhums, mangeaient de la viande de porc.

Jolette criait toujours. Perdue dans sa douleur. Ses cris ininterrompus poussèrent Jean Baurel à la fouetter. Ce maître menaça les autres esclaves de les jeter à la mer.

Josia sentait de grosse douleur, elle était enceinte de plus de huit mois. Elle accoucha d'un joli garçon dans les secousses du bateau. En dépit de ses souffrances, de la venue au monde de ce bébé, il n’y eut ni compassion ni joie pour elle. Elle resta dans la cale du bateau au milieu des mauvaises odeurs, de la chaleur et des secousses de La Nuisance. Cette situation était catastrophique pour elle et la faim poussait au fur et à mesure de nombreux esclaves à vouloir se rebeller. Elle était la seule esclave mobile de la cale. Les autres étaient tous enchaînés. Elle tenta de rompre les chaînes un esclave grand et fort mais Jean Baurel la surprit et la fouetta. De plus, il prit et jeta son bébé à la mer. Elle en devint folle de chagrin . Elle fut inconsolable. Elle voulait se jeter à la mer, suivre son petit.

Mais les autres l'arrêtèrent en mettant en son cœur le feu de la révolte. A présent , elle était prête à tout. En surveillant bien les blancs du bateau, elle réussit à détacher Dobile. Ainsi lui même détacha d’autres esclaves discrètement jusqu’à ce qu’ils soient tous en mesure de monter sur le pont pour prendre le navire.

Le premier esclave sortit fut reçu par une balle dans la tête. mais cela n'arrêta pas le flot d'hommes et de femmes qui déferla.

Ils se battirent avec des morceaux de leurs lourdes chaines, des fers à la main. De l’autre côté, les blancs brandissaient leurs fusils. Jean Baurel tua un esclave d'un coup de fusil, encore à la tête. Cette action souleva la colère de tous et ils affrontèrent la troupe des blancs avec davantage de rage. Des hommes tombaient des deux côtés et Dobile incitait les autres esclaves à continuer de se battre pour en finir avec leurs bourreaux.

- Rendez-vous bande d’imbéciles! Je vais tous vous tuer, dit Jean Baurel qui brandissait son fusil.

- Nous allons vous faire payer pour tout ce que vous avez fait, espèces de salaud! Meurtrier!

répondit Dobile.

Cette situation bascula alors en une scène infernale. Bain de sang, rage des esclaves et tentative de reprendre le navire pour les blancs, secouèrent La Nuisance. Les esclaves se répandirent sur tout le navire pour en prendre définitivement le contrôle et pouvoir échapper aux travaux forcés qui les attendaient tous dans les Habitations de Guyane. D'un coup de fer dans la tête, Dobile arriva à immobiliser Jean Baurel et à prendre son arme.

- Maintenant vous aller voir! je vais vous tuer l’un après l’autre! hurla Dobile.

Après de nombreux coups de fusils, il arriva à tuer treize des blancs. La révolte touchait à sa fin; ils étaient mîtres à présent du navire. De nombreux esclaves étaient tombés.

Il ne restait que le capitaine du bateau et deux jeunes blancs. Les hommes devenus libres lui donnèrent l'ordre de rejoindre l'île la plus proche. Ils prirent en otage les deux autres blancs. Le capitaine refusa de céder à leurs ordres et mis le feu à La Nuisance. Quelques minutes plus tard, La Nuisance partait en fumée, emportant au fond des eaux son horrible histoire.

Tous rejoignirent à la nage les rives d'une île où ils poursuivirent le capitaine qui lui aussi, avait réussit à survivre au naufrage.

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