Les pieds de la fille au réveil de la caye, l'odeur de banane et de rocou...
Des lèvres qui lancent leurs questions toujours plus haut...Surgit un fruit de regret
Tu creuses l'onde, le vent, le feu...
Je creuse la terre sablonneuse du trésor.
Temps d'un enfant qui frisonne...
Lové dans mes boucles.
Les ressorts de ma faim et de ma soif...
Froufroutement qui déchire la nuit brune des mornes.
Je sais tout.
Je suis aveugle.
Tes yeux ont saisi dans leur prisme...
Tous les éclairs. Toutes les pluies.
Et aussi la lueur des épaves qui incendient le rivage.
Oui, dans un va-et-vient incessant de suie et de phosphore.
Je sais tout.
Je suis aveugle.
Les pieds de la fille au réveil de la caye.
L'odeur de banane et de rocou.
Je sais tout.
Et l'infinie patience d'une nappe d'eau sous la roche.
L'extrême discrétion des doigts qui mouchent l'aube.
Je sais aussi ce jeu de perles...
Tombées d'un collier défait entre les seins dressés de la mer.
Et le crépitement nocturne où l'on confond...
L'escarboucle à la pointe d'une flamme...
Avec l'écume aux naseaux d'une jument...
Dont l'audace dévoile le matin ruisselant de colibris.
Je sais la sueur qui marque de poudre blanche...
Les flancs d'une femme en travail.
Elle tourne et fige...
Dans une inquiétude de lune...
Les regards d'un monde de conquérants.
Ce grelot joyeux d'un jeu de dés.
Il fait passer de bouche en bouche la salive de la chance...
Telle une rumeur d'apparition ou une odeur de rhum.
Et le bec d'un coq exaspéré qui flanche...
Dans un hennissement de victoire...
Et une comète d’yeux.
Je suis la fille des îles vierges.
Elle avait clamé cela avant que le sillon d'une barque qui aborde l'anse se dessine. Avant qu'une méduse n'illumine le creux entre deux vagues.
Avant même...
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