Fatigués de la morsure de tes épines ensanglantées,
Pour se soigner, tes pétales se bercent
Dans un exil mouvant,
Un tourbillon de détresse.
Beauté tranchante,
Tes enfants ne sont pas mieux qu’ailleurs
Mais à tes côtés, ils ne peuvent grandir.
Ma Pereskia, quiskeyana,
Sur le seuil de ton pistil l’aurore ne se présente plus,
Tous les matins, c’est une arme qui s’y pointe.
Sur tes sépales se déplorent des rosées d’amertumes.
Chagrinée par ton désarroi, je n’ai que ma plume pour te consoler,
Alors ma terre natale, je te décrirai avec une encre de sang,
Des vers durs pour soigner tes entailles,
Pour que jamais tu ne sois le verbe taire.
Ma tendre fleur, sur ta tête, l’orage gronde
Sur toi, une pluie béante se déchaîne.
Ton monde n’est qu’une avalanche de tempête,
Fracassée par le temps, malmenée par le vent, tu te désintègres.
Petite fleur, mon cœur se déchire à chaque fragment de pétales
Que tu perds.
Je saigne de tes blessures.
Dépitée par la décadence de mon cactus qui se transforme en cadavre,
Je ne chante qu’avec des larmes tranchantes à chaque bouffée
De ce songe qui renaît de mon encéphale :
Mon eldorado n’est plus !
Mon havre de paix ne clame plus la Dessalinienne.
Rivière de sang, écoulement de supplice
Voilà le seul écho de mon paradis disparu.
Ma Leuenbergeria quiskeyana, ma terre natale,
Résidus de charogne, pays à la senteur des têtes coupées,
Je songe à tes jours heureux !

Comentarios