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Photo du rédacteurCretté Alexandra

Fredi - un poème de Télumé, photographie de Medhi Ursulet



Dans les métros, un peu de chez toi te tambourine aux oreilles

Un bref sourire s’esquisse discrètement

Il ne faut pas te faire remarquer

La masse s’agglutine

de stations en stations


Elle t’enveloppe, nauséabonde

et t’écrase

sous une couche de sueurs ouatées


Elle te suffoque et t’éjecte

à chaque arrêt ou montée


Les murs glacés sont vides de gens

Les murs figés par les call-to-action

assenés de phrases vagabondes,


témoignent de l’état de droit.



Les journées passent semblables à la veille

Le soleil est faible dans cette partie du monde

Les arbres ne cachent même plus la forêt

Faite de verrières, briques en ciments.


Les chemins polis,

artificiels

Les traces de terre,

sont éphémères

Les floraisons

tardent souvent


Tu cries anmwé


Le téléphone sonne tous les dimanches matins

Estompées par la distance, leurs voix ne te suffisent pas

Histoires drôles, commérages ou avis de décès

Ce triptyque t’ennuie à chaque fois


Tu souhaites les écouter débattre à la table des grands

Refaire le monde abreuvé de canne et de sirop collant

Leurs visages pixélisés, le tien emmitouflé

rappellent violemment ton exil


celui que tu as délibérément choisi

celui qui te libère de leur sort

celui qui te broie une fois le téléphone noirci

celui qui provoque ces éruptions de larmes.


Tu cries anmwé


C’est la fin de la semaine

Cap sur les meilleures soirées

Appartement ou boite

rouge ou noir

Qu’importe


Les bouteilles sont tes nouveaux réchauds

Les amis, des portes gobelets

Les nuages se forment dans des pièces à l’étroit

Où s’empilent sans distinction

commandes, déchets et erreurs de jeunesse


Lit après lit, tu sèmes la solitude

Tu files une vie sulfureuse

A l’université, tu craches sur les brochures mensongères

Ta présence est soutenue par des bourses

L’avenir radieux s’éloigne

De ton radeau de palétuviers


Et il te faut survivre

marer les reins

faire le guet

attendre la marrée

tendre la corde

amarrer la prochaine lune.


Tu cries anmwé


Les résultats tombent

Les larmes ruissèlent sur ton visage asséché

Les couleurs te manquent

Le gris est permanent

Tu blanchis aussi vite que la ville défraichie

Quel est ce pays où le bonheur semble être resté en mer ?


Plus grand sera l’enracinement

Plus loin seront les éléments

qui font du cœur un repère à souvenirs.


Ils poursuivront leur existence

et la tienne échappera au temps.


Surtout ne te perds pas,

Une bouteille échouée touchera toujours terre.


Anmwé





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