top of page
Rechercher

Extraits de Peau de poisson - un recueil de Mikaël Saint-Honoré

Photo du rédacteur: Cretté AlexandraCretté Alexandra


La terre.


Des racines saturées,

des brindilles,

un déluge.


À quoi sert mon feu dans l’averse

quand la nuit porte une rivière ?


Enfanté,

la nuit m’a enfanté.


Nuit des singes hurleurs,

des âmes feuilles,


Nuit de la forêt habitée

où ton ombre suit mes pas,

où les troncs sont refuge.


Arbre de vie,

je te frôle et tu m’entends.


Le rêve,

qui dira notre rêve,

ce goût de la pluie

quand ma main posée sur l’écorce

te caresse ?


Tu m’accompagnes,

je te réponds.


Nous courons, à perdre haleine,

jusqu’aux pieds de yahuasca.


C’est un murmure de plumes,

un chuchotement de sève,


Nervures : notre long voyage...


Enfanté,

la nuit m'a enfanté.


Nuit de la course des pécaris,


Nuit du vol des aras

quand la terre se tait,

quand le ciel gronde à force de porter.


Il y a un fleuve,

nous le traverserons.


Des arbres, d’autres arbres.


Tu me contes leur chant d’amour,

la terre rouge des grains.


Aussi loin que va l’extrémité

de tes branches,

je ne peux tous les voir.



II


La nuit, dans cette pirogue

qui m'emmène quelque part,

des lignes de mots, rien de plus.


Le temps d'un silence

dans la roche, sous la pluie,

j'imagine que nous sommes

l'eau qui passe

et que les arbres se nourrissent

des empreintes que tu laisses.


Si tu écoutes le fleuve

tu sais que

je suis vivant.


III


D’aussi loin que je me souvienne, tout a

commencé ici.


Dans mon rêve,

le murmure d’un jour qui semblait ne

pas vouloir finir,

l’engorgement du fleuve,

le chemin chuchoté.


Je voudrais pouvoir te dire pourquoi ce

voyage et

pourquoi ces épreuves,

jeter quelques sorts

près des arbres qui

tant de fois

nous ont sauvés,

dans cette vie là-bas,

autrement.


Je pense à toi qui est restée

près des nôtres

jusqu’à ce que la nuit s’éteigne.


Le soir,

je traverse des visages en silence,

comme avant,

lorsque mes pas

dans les tiens

accompagnaient

la respiration de la terre.


Je cours la nuit pour te retrouver.




5 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


Post: Blog2_Post

Formulaire d'abonnement

Merci pour votre envoi !

0694276399

  • Facebook
  • Twitter
  • LinkedIn

©2020 par Oyapock, revue entre deux rives. Créé avec Wix.com

bottom of page