Cretté Alexandra
Enfin mon cœur parle - un poème de James-Son Derisier
Dernière mise à jour : 6 sept.
Je perds mon temps en me fixant dans le miroir. Piégé dans un moi tripoté de crainte. Une image amère de moi. Une réalité pourrie sous le souffle des ricanements. Tentation de décrire cet être ombragé de peur, coincé en moi. Cette caricature aliénée. Cette pensée placardée dans un coin perdu. C'est sûr que mes regards chatouillent la vie. Je vis comme je respire l'audace de crier sur l'existence. Mes mots ne sont que l'expression de ma rage. Celle qui a creusé un trou béant dans mon cœur. Mon souffle crie pitié pour le désarroi d'une nature dévastée. Je plains ces artisans tarés tentant de dessiner la vie.
Quand les mots pleuvent sur mon dos, je m'efforce de coincer en moi des verbes capables d'exploser le monde. Séquestrant ma rage. J'écris pour faire taire le cri des oiseaux effarouchés. Pour dire adieu aux pleurs. Pour cesser d'être la proie de l'innocence. J'écris pour tourmenter la vie. J'écris tout simplement des mots. Des mots qui se transforment en vers. Mes vers bagarreurs me suivent comme le font les fourmis. Je méprise ces cris sauvages qui font rager les cœurs séquestrés. Si un jour je pouvais chanter, je donnerais des réponses sur ma voie. Je décrirais un parcours saupoudré des miettes d'un passé trouble. D'une vie purifiée de son bon sens. Accablée de rires malveillants. J'exigerai la vie à Dieu.
