N’en déplaise à ma pauvre
dame,
hélas sont-ce nos
poésies machettes!
Soudain,son fredon se
change en un air de
mélancolies
mêlant et versant
Elégie et Tragédie :ô air que
vous n’aimez pas, air haï!
Sur mon épaule gauche
Aïe,
Sa tête couronnée par les
étoiles naissantes :ma muse
endosse cet air de chien
battu,
Sur mon épaule
gauche,
mon épaule gauche,
écoutez
elle me dit le monde
tête-cassée le monde
sanguinolent le monde où les
oiseaux ne volent plus au
firmament où les oiseaux
font table rase et ne refusent
ni la traversée des fusées
ni les balades des fusils errants
Sur mon épaule gauche
Elle chante, raconte, dessine,
montre le monde
Dans toute sa poésie
infectée,
sa poésie pestilentielle,
sa poésie laide,
sa tête sur mon épaule ne
verse plus de traces de rire-
rosé,
que de places sang-arrosé.
Le monde sur mon épaule
gauche se passe
Se trace, s’efface
S’étouffe dans le silence de
Georges Floyd
Le monde tremble, secoue,
se fend
O les dalles de Turquie, de
Syrie
Oui,écoutez ce que sa
tête dit sur mon épaule
gauche
Ô pays-liberté, pays-
indépendance 1804
Les Plaies d’Haïti
raconte la France24
Le blues ce soir est
accordé sur une lyre aux
cordes barbelées
Orphée a
les doigts décapités
En Lybie elle raconte nos
frères enchainés... nos
sœurs aux corps lascifs
violés
Oui.
Sa tête sur mon épaule
gauche
Vous dit
vous lit les cous
cassés,vous chuchote les
côtes brisées et les côtes
inatteignables de la
Méditerranée
Méditer c’est bien mon
ti-christ mais le frigo
Est à l’agonie
Depuis de cela une bonne
centaine
Amen
Alléluia
Perse et verrez jusqu’à
Golgotha
Sa tête sur mon épaule
gauche,
écoutez
Raconte mon frère
Qui par un après-midi de
soleil s’en allant,
Agora était
Fête à ciel
ouvert, rassemblait ses
cinéphiles comme
manmanpoule
amassant ses poussins
sous ses plumes
soyeuses,
son billet sur le
Parking il attendait
Lorsque la cartouche d’Encre
est vidée dans son crâne sans
protection aucune
Elle y est mise en douce
comme une puce Neuralink
Emmène, emmène avec toi
les germes de tes seize balles
années
Tu les planteras et les feras
fleurir de l’autre côté du Nil
à la nuit tombée
Là où le Tartare n’a pas
encore reçu les campements
des Talibans
Ou tu les inhumeras aux
champs Elysées
A la lisière du Nevada si
Brothers Patron ne patrouille
Pas
La Frontera du président
inculpé
Elle avait pris cet air de chien
battu
Elle l’avait pris pour dire
Oui
dire le monde qui va
et vient et danse sa mouise
S’enroule, s’enivre et se
déroule dans sa tragédie
animalière de mille manières
Le monde se passe,se trace
et s’efface dans son dernier
coup de blues
Assassin
«Comme si le monde
entier vivait sa dernière
folie»
- Mais un jour viendra
Jour qui nous purifiera
Et ma muse chérie
Ce jour-d‘amour
Sur mon épaule gauche
tu le chanteras pour le bonheur de
ma pauvre dame!
Le thème du Prix Damas cette année était le vers d'Elie Stephenson: "Comme si le monde entier vivait sa dernière folie", tiré de son recueil Terres mêlées, Ismée ou les oiseaux de lumières.
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