top of page
Rechercher

Debout à l'aube dans la blancheur des nuages- un poème de Sandrine Malika Charlemagne, in La Petite Ouvrière Métisse, éd. La Rumeur libre.

  • Photo du rédacteur: Cretté Alexandra
    Cretté Alexandra
  • 21 juin
  • 2 min de lecture






Je suis la femme qui craque

La femme en colère

De n’apercevoir en ce monde

Que les reflets de la spéculation

Je suis la femme en promenade

Celle qui regarde la vigne rouge

Tomber en cascade sur le mur de la rue d’un quartier

La femme qui se rappelle les bribes d’une chanson :

« Il tourne en des milliers de pas qui ne mènent nulle part, dans

un monde de béton aux barreaux fleuris, fleuris de désespoir »

Je suis la femme, assise par terre dans sa cuisine

Qui ferme les yeux pour se cacher dans un tronc d’arbre

Et revoir quelque part cet if millénaire

Ce temps de l’enfance perdu depuis on ne sait plus trop

quand

Puis retrouvé soudain avec ce blottissement au fond d’un

creux

Je suis la femme qui voudrait que le chant de la baleine

Nous guide vers d’autres chemins plus hospitaliers

Où l’air entraînerait dans son sillage

Les parfums d’un bouquet de mille et un territoires

Je suis la femme qui déteste marcher au pas

Avec le bruit des chaînes

Je suis la femme penchée à sa fenêtre qui lance son cri

Telle une bouteille à la mer : « Arrêtons de saccager la Nature ! »

Je suis la femme qui claque des dents quand elle entend

les mots


Transhumanisme – technologisme – capitalisme

Je suis la femme debout à l’aube dans la blancheur des

nuages

Je rêve au ciel du lendemain

Je suis la femme qui boit son café noir

Sans la petite cuillère pour faire fondre le sucre

Je suis la femme qui allume sans regret sa cigarette

Je suis la femme qui guette comme un enfant guetterait le fil

de son jeu favori

La femme qui guette le passage des éboueurs

Le courage des travailleurs

Je suis la femme lasse d’entendre qu’il faut attendre

Mais que faire sinon attendre et encore attendre

Je suis la femme qui écoute les battements d’ailes d’un

papillon

Comme l’appel de la liberté

Je suis la femme accoudée à sa rambarde, qui lève l’ancre

Vogue le navire

La femme qui suit des yeux l’envol des corbeaux

Et tout là-bas à l’horizon

La mer Égée

Vers d’autres rives plus accueillantes

Je suis la femme qui achète de quoi manger

À celle qui trop fragile ne peut plus le faire elle-même –

Elle qui ouvre la porte en robe de chambre et me sourit

Je suis la femme que regarde le chat les yeux brillants

Dans la nuit noire de ma pièce


Je suis la femme qui descend les marches d’escalier

Celle qui un jour de folie

Se prend pour la nouvelle Mistinguett du music-hall

Je suis la femme qui cherche elle aussi dans les vertus de

l’absinthe

De quoi se libérer de l’inutile angoisse

Mais qui ne fait que la prolonger

Il faudra bien qu’ils arrêtent... Hasta la victoria

Je suis la femme qui pense au jour d’après

À l’avenir qui se dessine



 
 
 

Comments


Post: Blog2_Post

Formulaire d'abonnement

Merci pour votre envoi !

0694276399

  • Facebook
  • Twitter
  • LinkedIn

©2020 par Oyapock, revue entre deux rives. Créé avec Wix.com

bottom of page