L’affaire des territoires n’est jamais achevée. Sanglante, bileuse. Jamais achevée semble t-il. Que n’ai-je mille vies pour refaire et redéfaire ce monde?
Il ne me vient que des souvenirs de joie pourtant au milieu du désastre.
Mon ami,
Il est difficile de parfaire la haine car elle sort de nous comme un galet lisse et pur. C’est chose affreuse à voir dans ce jour de lucidité. Nous habitions une maison de livres ensemble. Dont je n’ai pas assez agrandi les murs pour y faire entrer le pays tout entier.
Il faut que nous partions crier un peu de poésie. Plus qu’a notre habitude, mon ami. Nous sommes déjà crieurs publics. Des voleurs de tirades. Avaleurs de zeugme.
Comment pouvons nous voler le ciel et le mettre sur scène ?
Car nous n’avons pas le choix, il nous faut vivre avec le monde mort.
Ce soir, de l ‘autre coté de la frontière, tu diras des mots d’amour au pied de la petite église carrelée et de guingois de Villa Vittoria. Le fleuve coulera devant ta porte. La fille au t-shirt violet passera pour te voler un peu. La vie te remplira d’une évidence.
Comme le matin de ton poème.
Mon ami.

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