Ce soir encore, les dieux n’ont rien à foutre
des étoiles qui se noient,
ni des gorges qui ploient les genoux
sous les épaules motus
ils regardent tomber du haut du ciel
ces corpuscules de l’hiver,
comme un je t’aime
un cri étouffé entre les murs
des cathédrales de fantômes
une rue qui s’étrangle,
souffle brisé, vomit le sang des martyrs
rouge et acre, qui coule
pas trop loin de mon ancienne maison
entre les pavés desséchés
des étreintes oubliées
Ce soir encore, ils attendent,
tels des pénombres, que les pèlerins
déposent leurs offrandes
aux pieds de leurs lubies fatiguées
Ils espèrent que les vagabonds s’abreuvent
à la source amère de l’allée,
qu’ils s’attachent à ce culte
comme à une ancienne mélodie,
et qu’ils trouvent joie dans cette ville,
nue et vidée de ses clameurs
et des soupirs des marchandes de charmes
« Enlève-nous le fardeau des poèmes,
chante-nous les secrets des noisettes,
ces trésors cachés dans leurs écrins bruns »,
chante la rumeur des rues de Port-au-Prince
Car ici, même les pavés semblent affamés,
et cette ville, attend encore des enfants à nourrir.
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